Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/345

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la chapelle, à quelques pas d’ici, elle suggère l’idée d’une femme méchante, prête à fouetter un enfant qui pleure.

Je refuse de croire que cette Vierge soit de lui ; l’homme qui, à défaut de l’influx mystique, a tout de même su rendre la grandeur épique d’un Moïse, n’a pu concevoir un type aussi vulgaire et aussi mensonger de Vierge !

Non, ce que je préfère la petite Madone de la fresque qui s’efface sur le mur de Notre-Dame de Dijon ; et au fond, c’est la réflexion qui me vient : le vrai sens divin, il n’est ni ici, ni au musée, mais dans les oraisons peintes de cette église !

Oui, je sais bien, je t’embête, reprit-il, considérant la concierge qui commençait à agiter furieusement son trousseau de clefs ; tu te fiches de Sluter et de Claus De Werve dont tu as cependant appris les noms pour les réciter aux touristes et ces imagiers vont te valoir, une fois de plus, pourtant, dix sous ; tu devrais songer à eux, à ces braves Hollandais qui m’incitent, d’outre-tombe, à te donner la pièce — et, ce n’est que juste, car tout, ici-bas, même les rêveries se paient, fit-il, en quittant l’asile.

Il se rendit, à petits pas, au jardin botanique ; il était formé de l’ancienne promenade de l’arquebuse, réunie au jardin des plantes et il était charmant avec ses chemins intimes, ses hautes frondaisons, ses massifs de fleurs, ses pelouses aux gazons semés de pâquerettes et de boutons d’or.

Certaines charmilles lui rappelaient la Trappe de Notre-Dame de l’âtre et certains bancs de pierre, adossés à la maison du dix-huitième siècle qui s’étendait devant le jardin, l’ancienne pépinière du Luxembourg.