Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/355

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à l’aide de ce pécune et de son travail, à ses besoins.

Elle portait un costume religieux, semblable à celui d’une nonne, était astreinte à participer à quelques offices, à rentrer avant la nuit et c’était à peu près tout.

Oui, mais… ruminait Durtal, ces petites bergeries n’ont jamais pu s’acclimater que dans le nord de l’Europe. Elles ne fructifient plus maintenant que dans la Belgique et la Hollande ; il n’y en a plus en France, actuellement.

Pourquoi ? nul ne le sait. Le tempérament froid et sensé, la piété forte et tranquille des races du nord, leurs goûts d’intimité, sans vie évaguée au dehors, expliqueraient peut-être cette anomalie. Il paraît, du reste, que même au Moyen-Age où la foi était ardente dans les régions du midi, aucun béguinage ne put, en ces pays, prendre racine. Ces sortes de couvents dont l’origine remonte à la fin du douzième siècle, ne se sont, en effet, épanouis que dans les districts du nord, de l’ouest, de l’est et aussi du centre. On les découvre nombreux, à Cologne, à Lubeck, à Hambourg ; ils foisonnent sur les territoires des Flandres ; ils abondent en France, mais leur habitat semble s’arrêter aussitôt après la Loire.

Dans un article sur les Béguines de Paris, M. Léon Le Grand cite des maisons de ce genre, un peu partout-sauf dans le sud ; — il en signale en Picardie, à Laon, à Amiens, à Noyon, à Beauvais, à Abbeville, à Condé, à Saint-quentin — dans l’est, à Reims, à Saint-nicolas-du-port, à Châlons ; — dans l’ouest, à Rouen, à Caen, à Mantes, à Chartres, à Orléans, à Tours ; — autour de Paris, à Crépy, à Melun, à Sens ; — enfin à Paris même