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où le roi saint Louis en créa une sur la paroisse de saint Paul.

Ce Béguinage qui était peu différent des béguinages contemporains de Bruges et de Gand, dépérit, au bout de deux siècles, faute de sujettes. L’on n’en compterait plus que deux, en 1471 ; et depuis, je ne connais qu’un essai qui ait été tenté pour rénover en France ces gynécées abolis, un essai récent ; en 1855, un abbé du Soubeiran voulut fonder une maison à Castelnaudary, sur le modèle des refuges belges, et il échoua.

Il ne s’était évidemment pas rendu compte que le terrain de culture du Languedoc n’était pas du tout celui qui convenait à cette variété de plante conventuelle, car elle a besoin pour croître et de silence et d’ombre.

Il me semble pourtant, ruminait Durtal, qu’en transférant ce système semi-monastique des femmes chez les hommes, il y aurait quelque chose à entreprendre.

Le cadre, aisément, on l’imagine dans une grande cité, telle que Paris, une villa comme il en existe pour les sculpteurs et pour les peintres, au boulevard arago ou dans la rue de bagneux, par exemple, des allées fleuries, bordées de maisonnettes et d’ateliers ; il serait facile d’installer, au fond, des salles communes et un oratoire et cela suggérerait assez bien l’idée d’une miniature de couvent, d’un petit institut de béguins ou de laïques Bénédictins.

Des Bénédictins surtout, car l’Ordre de saint Benoît, à l’encontre de beaucoup d’autres, admet les artistes ; sa règle est formelle sur ce point ; et d’ailleurs, cette œuvre serait le prolongement logique de ses offices, l’aboutissement de sa théorie du luxe pour Dieu, la fleur, si l’on