Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/368

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Conception n’avait rien à démêler avec elle ; et, d’autre part, Marie n’ayant, durant son existence terrestre, jamais péché, se trouvait par cela même imperméable, dispensée de ses sévices compensateurs et de ses maux.

Il fallut donc pour qu’elle osât l’aborder une permission spéciale de Dieu et le consentement de la mère qui, pour se rendre plus semblable à son fils et coopérer, selon la mesure de ses moyens, à notre rédemption, accepta de compatir et d’endurer, sous la croix même, les affres souveraines du Dénouement.

Mais la Douleur n’eut point d’abord avec elle ses coudées franches. Sans doute, elle la marqua de son épreinte, au moment même où, répondant à l’ange Gabriel « Fiat », Marie aperçut, se détachant dans la lumière divine, l’arbre du golgotha ; mais cela fait, il lui fallut reculer et se tapir à distance. Elle vit de loin la nativité, mais elle ne put pénétrer dans la grotte de Bethléem ; ce ne fut que plus tard, alors que la fille de Joachim vint pour la présentation, au temple, que, sur le sésame prononcé par le prophète Siméon, elle bondit, de son embuscade, dans l’âme de la vierge et s’y implanta.

Depuis ce moment, elle y vécut comme chez elle. Elle était, pour parler vulgairement, entrée dans la place ; elle n’y était cependant point maîtresse absolue, car elle n’y résidait pas seule. La Joie cohabitait avec elle ; la présence de Jésus suffisait pour que l’âme de la mère débordât d’allégresse. Elle ne disposait donc que d’une part restreinte, que d’un pouvoir limité. Il en fut sans doute ainsi jusqu’à la trahison de l’Iscariote. Alors la