Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/380

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dans un édifice grandiose tel que celui de la liturgie, ses nefs sont magnifiques, mais quelques-unes de ses chapelles, bâties après coup, sont médiocres.

S’il y a de l’or pur, il peut y avoir aussi de la breloque et du zeste ; certaines messes du sanctoral sont des chefs-d’œuvre, d’autres sont plus ordinaires, si on les scrute, comme vous, au point de vue de l’art ; choisissez, par exemple, celle de saint Jean Damascène. Ce docteur eut, par suite des calomnies dont il fut victime, la main coupée et la sainte vierge la lui réajusta. Or, toute la messe, avec son introït, son épître, son graduel, son évangile, son offertoire, sa communion, ne cesse de faire allusion à ce miracle. C’est une messe à leit-motiv, vraiment délicieuse et très expertement tissée. Voyez également celle de saint Grégoire le thaumaturge ; celle-là ne lui est pas personnelle, car il la partage avec d’autres confesseurs pontifes, mais elle est enrichie pour lui d’un évangile distinct ; il y est question de la foi qui déplace les montagnes. Or, d’après ses historiens, ce célicole aurait justement obtenu par ses prières qu’une montagne qui le gênait pour construire une église, reculât. Discernez dès lors la raison d’être et l’habileté du choix.

En opposition à ces deux messes, examinez maintenant celle de saint Antoine ; c’est la messe habituelle des abbés, avec un autre évangile ; considérez-la de près, je vous prie.

Le bréviaire vous raconte que la vocation de ce solitaire fut déterminée par ces paroles de l’évangile « si vous voulez être parfaits, allez, vendez tout ce que vous avez et donnez-le aux pauvres ». Il semblerait donc logique,