Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/387

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c’est qu’il ordonna de tripatouiller les antiennes et ce sont, hélas ! Ces retapages que le Romain chante encore !

L’histoire du bréviaire de Rome s’arrête là, car je ne compte pas diverses innovations récemment introduites dans la partie de la translation des fêtes ; elles ne touchent point, en effet, au cœur et à la vie même de l’office.

Quant à la liturgie gallicane, l’on peut, en examinant son ossature, la croire issue, en partie, des églises de l’orient. Elle fut, en somme, à ses débuts, une savoureuse mixture des rites du Levant et de Rome ; elle fut démantelée sous le règne de Pépin le bref, de Charlemagne surtout, qui, sur les instances du pape saint Adrien, propagea la liturgie romaine dans les Gaules.

Durant le Moyen-Age, elle s’augmenta d’hymnes admirables, de délicieux répons ; elle créa tout un ensemble de proses symboliques, broda sur la trame italienne les plus candides fleurs. Quand la bulle de Pie V fut promulguée, la liturgie française qui avait près de huit siècles d’existence était libre de ne pas agréer le bréviaire réformé de Rome. Elle l’accepta, par déférence. Les évêques détruisirent l’œuvre des artistes indigènes, brûlèrent, si l’on peut dire, leurs primitifs, n’en sauvèrent, en tout cas, que quelques-uns qu’ils enfermèrent dans la petite sacristie de leur propre diocésain. Seule, la métropole de Lyon conserva intact son dépôt et nous lui sommes redevables de pouvoir écouter, dans la vieille basilique de saint Jean, de très archaïques exorations et de très vénérables proses.

La perte des anciennes coutumes et la consomption des antiques prières furent, si nous ne nous plaçons qu’au