Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/409

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d’infirmités ; il y a des mois où vous ne pouvez mettre un pied devant l’autre, où vous vous traînez pour atteindre la chapelle, le long des murs. Des immolations ? Mais en voilà ! que voulez-vous de plus.

Qu’il n’y ait pas dans les monastères assez de religieux arrivés à la vie unitive et fondus en Dieu, d’accord et il y a assez longtemps que je me tue à vous le crier ! Mais enfin, voyons, au Val des Saints, vous l’attestiez tout à l’heure, il n’y a pas de mauvais moines ; c’est déjà un point ; d’un autre côté, la situation spirituelle y est meilleure que dans bien des abbayes plus riches où l’argent, comme partout, poursuit son œuvre de détraquement et les démoralise. Vous êtes heureusement pauvres et n’êtes pas par conséquent agités de la monomanie de bâtir des palais et d’acheter des parcs.

Le noviciat est rempli de petites âmes blanches ; il me semble que vous allez pâtir et réparer plus pour les autres que pour vous-même.

Durtal souriait devant ce renversement des rôles. C’était M. Lampre qui défendait maintenant les Bénédictins, alors que c’était lui qui d’habitude les attaquait.

— Nous avons aussi l’orgueil de notre robe à expier, reprit, d’une voix plus basse, le P. De Fonneuve ; nous vivons sur une antique réputation dont nous ne sommes plus dignes ; il est temps de faire notre mea culpa, maintenant que le bon Dieu nous frappe.

Durtal le regardait. Le vieillard avait les yeux pleins de larmes ; il parlait si humblement, d’un ton si convaincu.

Durtal qui l’admirait et l’aimait pour sa grande science et sa grande bonté ne put s’empêcher de l’embrasser ; et