Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/425

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Elle est donc une relique Bénédictine, bien oubliée, hélas ! Car personne, même dans nos cloîtres, ne la connaît.

— La pauvre église ! s’exclama Durtal, a-t-elle été assez saccagée ! D’abord, avouons-le, par nos frères de saint Maur, qui, au dix-septième siècle, se plurent à la travestir à la mode du jour ; depuis, ç’a été le comble ; l’on a, si l’on peut dire, sulpicié ses murs en les recouvrant avec les banales images de cette pieuse leucorrhée de la peinture que fut Flandrin ! L’on a remanié la nef, du haut en bas, remplacé ses chapiteaux du onzième siècle par de grossiers reliefs revêtus d’or, peinturluré les colonnes, les voûtes, en d’affreuses nuances, des rouges de tripoli mêlés à des bruns de terre, des gris de poivre, des verts défraîchis de laitues cuites.

Mais, tout de même, je pense à une chose, père. Si défigurée, si souillée qu’elle soit, elle est admirable, si nous la comparons aux sanctuaires bâtis par les culs-de-jatte d’âme de notre temps ; avec son chœur du douzième siècle dont les contours ont été presque ménagés par des architectes distraits, elle vaut même qu’on l’explore, au point de vue de l’art. Eh bien, si, comme tout l’annonce, j’échoue à Paris, ne serait-ce pas le cas d’y réciter souvent mon office et d’y dire la prière à notre père saint Benoît et l’hymne brève le « Te decet Laus » que, seuls, nous possédons dans notre bréviaire. Depuis plus de deux siècles, le patriarche ne les entend plus sous ces voûtes ; je lui montrerai ainsi qu’il existe encore à Paris quelqu’un qui parle sa liturgie et se souvient et de lui et des siens.

J’irai-cela va de soi-voir aussi la vierge Bénédictine ;