Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/428

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C’est la fin de tout, pensa Durtal, lorsque ces deux religieux qu’il avait le plus aimés furent partis. Une fois disparus, il s’effondra, découragé, tuant les heures, en errant d’une pièce dans une autre, parcourant les allées du jardin, mal partout, incapable de tout travail.

Et un dégoût absolu d’essayer quoi que ce fût, de bouger de chez lui, l’accablait. S’il était enfin décidé à regagner Paris, c’est qu’il n’avait pas l’embarras du choix. Du moment qu’il ne voulait pas résider sans les Bénédictins au Val des Saints, il n’y avait plus qu’à cingler sur Paris, car le moyen terme d’un séjour dans une ville de province, où il n’eut plus eu alors ni les agréments de la campagne, ni les avantages d’une capitale, eut été absurde. Non, c’était l’un ou l’autre.

La résolution une fois prise, l’idée de s’embarquer dans un train, de chercher un logement et de déménager, l’affolait ; il vaudrait mieux s’enterrer ici plutôt que de recommencer encore une nouvelle vie, plutôt que d’en revenir où j’en étais, il y a quelques années, gémissait-il.

Paris, Dieu sait pourtant si je l’avais quitté, sans esprit de retour ! Et je suis acculé à y rentrer, car enfin, c’est idiot de songer, même pendant une seconde, à demeurer ici. Ah non, j’ai assez vu les décevants museaux des courges armoriées et des paysans de ce bourg ; tout, mais pas ça !

Et il tentait de se stimuler, de s’exciter sur Paris.

Il y aura une mauvaise passe à franchir, celle du déménagement, mais après, lorsque je serai installé, il sera très possible de s’organiser une existence quasi conventuelle, vraiment douce.