Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/433

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tous les camps, faillite de la science matérialiste et faillite de l’éducation des grands séminaires et des ordres, en attendant la banqueroute générale qui ne peut tarder ! Les anarchistes ont peut-être raison. L’édifice social est si lézardé, si vermoulu, qu’il vaudrait mieux qu’il s’effondrât ; on verrait à le reconstruire, à neuf, après.

En attendant, il est fort à craindre que le seigneur ne nous laisse mijoter dans notre jus et n’intervienne que lorsque nous serons tout à fait cuits ; si seulement nous étions cet or dans la fournaise dont parle la bible, mais va te faire fiche, nous ne sommes que de la râclure de plomb dans une cocote de cuisine ; nous fondrons sans nous épurer.

Voyons, si je me levais ; il est enfin cinq heures ! Et il s’habillait et descendait assister à la messe du cloître.

Comme les autres offices, cette messe matutinale était singulièrement mélancolique dans l’oratoire qui n’était éclairé que par des cierges. Le père abbé ne la célébrait plus avec les deux assistants et le bougeoir des prélats. Un seul convers la lui servait, ainsi qu’aux autres moines.

Durtal agenouillé par terre, dans cette pièce voûtée en cul-de-four, simplement garnie de stalles et de bancs, se sentait envahi par une telle détresse qu’il pouvait à peine prier ; son unique consolation était de communier avec les religieux qui n’étaient pas prêtres et les convers. Il se prosternait avec eux aux pieds du père abbé, tandis que l’un d’eux récitait le « confiteor » et elle était très douce cette réfection des proscrits se repassant fraternellement le linge de la communion. Et c’était alors un grand silence ; chacun accroupi dans