Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/456

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Et il se disait :

L’expérience est close ; le Val des Saints est mort ; j’ai assisté à l’ensevelissement du monastère et j’ai été l’aide-fossoyeur de ses offices. C’est à cela que s’est borné mon rôle d’oblat ; il est fini maintenant car il n’a plus, aujourd’hui que je suis arraché de mon cloître, de raison d’être.

Il sied d’avouer tout de même que la vie est singulière ! La providence m’a fait passer deux ans, ici, pour me renvoyer ensuite gros-jean comme devant, à Paris. Pourquoi ? Je l’ignore, mais je le saurai sans doute, un jour. Je ne puis néanmoins m’empêcher de croire qu’il y a eu maldonne en cette affaire, que je suis descendu à une station intermédiaire, au lieu de ne m’arrêter qu’au point terminus, qu’à la tête de ligne.

Je me suis peut-être trompé, moi-même, en présumant.

En tout cas, mon seigneur, ce n’est pas bien ce que je vais vous dire, mais je commence à me méfier un peu de vous. Il semblait que vous deviez me diriger sur un havre sûr. J’arrive — après quelles fatigues ! — je m’assieds enfin et la chaise se casse ! Est-ce que l’improbité du travail terrestre se répercuterait dans les ateliers de l’au-delà ? Est-ce que les ébénistes célestes fabriqueraient, eux aussi, des sièges à bon marché qui s’effondrent dès qu’on se pose dessus ?

Je ris et je n’en ai guère envie, car ces tunnels dont je ne vois pas le bout m’effarent. Que vous agissiez, au mieux de mes intérêts, il ne m’est pas permis d’en douter et je suis très assuré aussi que vous m’aimez et que vous ne me délaisserez point ; mais, daignez, en excusant