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LES FOULES DE LOURDES

— Ah ! Messieurs, s’exclame tout à coup le Dr Boissarie, voici un cas intéressant et que nous avons étudié de près, il y a quelques jours ; entrez, mon enfant, entrez, asseyez-vous là.

Et debout, dans le silence subit de la pièce, il dit, en désignant une jeune fille, installée dans un fauteuil :

Mlle Rosalie Monnier, que voici, fait partie du pèlerinage diocésain de Belley ; elle habite le village de Cuet où est né le Bienheureux Chanel, un père mariste, qui fut, vous le savez, martyrisé en 1840, dans l’Océanie. Sa mémoire est l’objet d’un culte fervent dans ce village ; ces détails ne sont pas, vous le verrez tout à l’heure, inutiles.

Mlle Monnier appartient à une famille de cultivateurs qui eurent six enfants dont deux sont morts de la poitrine ; elle, a été prise, dès l’âge de quinze ans, d’une maladie de langueur, sans cause bien définie et qui a arrêté son développement et s’est compliquée, il y a déjà près de dix-neuf années, d’un état de dyspepsie tel qu’elle fut obligée de ne prendre que du lait et, à doses insuffisantes pour s’alimenter ; encore devait-elle, pour ne pas le vomir, l’absorber à l’aide d’un tube de caoutchouc.

Les médecins dont nous avons ici les certificats ont renoncé à la traiter ; elle gardait la chambre, ne pouvait supporter ni lumière ni bruit, et il y a quelque temps elle est devenue, par suite d’inani-