Page:Huysmans - Les foules de Lourdes (1907).djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
LES FOULES DE LOURDES

vêtue d’une robe blanche, avançant le visage régulier de la sydonie masculine, de l’une de ces sydonies à teintures, représentée dans des tableaux d’annonces, avec une barbe blanche d’un côté et noire de l’autre. — Cela représente Notre Seigneur devant Pilate ! — Figurez-vous encore, pour animer le champ immobile de ces fantoches morts, des paysannes vivantes et ahuries qui, ne voyant tout d’abord que le Pilate assis, bien en évidence, hors des groupes, le prennent de bonne foi pour le Christ, vont à lui, l’embrassent et lui font toucher leurs chapelets. Et vous aurez un vague aperçu de cette odieuse mascarade des Écritures !

Cette station du Calvaire est la seule qui, actuellement existe. Un brave curé me racontait que l’argent manquait pour édifier les autres et il paraissait croire que l’on réunirait difficilement la somme nécessaire pour commander la suite de ces stupres divins à Raffl. Qu’il se rassure ! Je ne connaîtrais pas mes catholiques si je doutais, une seconde, qu’ils ne fussent prêts à se laisser héroïquement dépouiller pour la joie de parfaire une telle œuvre !

Évidemment, en aucun endroit, en aucun pays, en aucun temps, l’on n’a osé exhiber d’aussi sacrilèges horreurs et si l’on songe qu’elles ont été façonnées exprès pour Lourdes, fabriquées exprès