Page:Huysmans - Les foules de Lourdes (1907).djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
107
LES FOULES DE LOURDES

pour Notre-Dame, l’on en vient à tirer d’un pareil spectacle, un enseignement.

À n’en pas douter, de tels attentats ne peuvent être attribués qu’à des facéties vindicatives du démon. C’est sa vengeance contre Celle qu’il abhorre et on l’entend très bien lui dire :

Je vous suis à la piste et partout où vous vous arrêterez, moi je m’établirai ; vous ne serez jamais débarrassée de ma présence ; vous pourrez avoir à Lourdes toutes les prières qui vous plairont, vous pourrez vous croire revenue aux beaux temps du Moyen Âge ; les foules afflueront auprès de vous ; les hourras des miracles, les Magnificat des guérisons, les roulements ininterrompus des rosaires, vous encenseront comme nulle part ailleurs, c’est possible ; en un siècle que je malaxe et pervertis à ma guise, vous découvrirez peut-être même de la sainteté dans les âmes éparses à vos pieds, c’est encore possible ; mais l’art, qui est la seule chose propre sur la terre après la sainteté, non seulement vous ne l’aurez pas, mais encore je m’y prendrai de telle sorte que je vous ferai insulter sans répit par le blasphème continu de la Laideur ; et j’obnubilerai à un tel point l’entendement de vos évêques, de vos prêtres et de vos fidèles, qu’ils n’auront même pas la pensée d’écarter de vos lèvres le calice permanent de mes injures ! Tout ce qui vous représentera, Vous et votre Fils, sera grotesque ;