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LES FOULES DE LOURDES

Et puis, est-ce qu’au Moyen Age les cathédrales n’ont pas été construites pour lui ; est-ce que les statues, les tapisseries, les retables, toutes les œuvres magnifiques qui parent maintenant nos musées, n’ont pas été créées pour rehausser, à ses yeux, le prestige de l’Église et l’aider à prier ?

Il les admirait de bonne foi et il comprenait très bien que cette splendeur était, par elle-même, un hommage rendu à Dieu et une supplique. Sans doute, son niveau a baissé depuis… il ne sait plus… mais à qui la faute, sinon au clergé qui avait charge de l’instruire et qui l’a, par son ignorance et son dédain de toute esthétique, ramené à son état primitif d’indifférence.

Lourdes est donc le parangon de la turpitude ecclésiale de l’art et il est, dans son genre, unique ; et pour que rien ne manque à l’œuvre scélérate que le Malin y joue, les soirs de grande fête, on illumine la façade et le clocher de la basilique, avec des ampoules électriques tricolores et l’on dessine en traits de feu la tourte du Rosaire qui ressemble alors à une rotonde en pain d’épices, anisée de grains roses.

Il ne resterait, en fait de divertissements pour voyous, qu’à tirer un feu d’artifices sur la montagne du chemin de croix et peu s’en est fallu que cette dernière avanie ne fût commise. Un soutanier, venu de je ne sais quelle province, y avait si bien songé