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LES FOULES DE LOURDES

un reflet divin éclairer une figure humaine et tout cela pour aboutir à cette effigie de première communiante, à cette tiède, à cette molle fadeur ! Ah ! ce qu’à notre époque la piété ne donne pas de talent ! Est-ce, dans toutes les branches de l’art, assez prouvé ?

Pour en revenir à la basilique, ce qui est inconcevable, c’est cet amas de bibelots de dernier ordre et de loques bariolées qui la décorent. Partout pendent aux voûtes des bannières poussiéreuses, aux ors devenus noirs ; et le long de la nef, parée, au-dessus de ses arcs d’ogive et au-dessous de ses minces fenêtres aux vitres colorées comme des bonbons anglais, d’une frise dessinée avec des cœurs de métal qui simulent des lettres et reproduisent les paroles adressées par la Vierge à Bernadette, c’est un déballage de drapeaux de toutes les nations : Haïti, Chili, Belgique, Angleterre, Autriche, Hollande, Bolivie… et contre les murs, partout, dans les chapelles, du haut en bas, une collection d’ex-voto ridicules, des fleurs artificielles, des couronnes de mariées, des brassards de première communion, des épaulettes, des épées, des croix de la légion d’honneur, des portraits de famille, des tapisseries pour pantoufles, des chromos. Un seul de ces ex-voto est intéressant. Il est accroché, à droite dans le chœur, près de l’autel voué à Notre-Dame de la Salette ; il contient, sous un