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LES FOULES DE LOURDES

côté par un étroit corridor dans lequel la foule se bouscule sans pouvoir circuler. La funeste ganache qui a construit ce misérable pastiche du xiiie siècle, n’a su réussir qu’une chose, l’alliance de l’incommodité et de la laideur.

Au fond de cette nef qui s’achève en un maigre chevet, occupé, lui aussi, par de minuscules chapelles, se dresse, entouré d’une grille dorée, un autel en marbre de Carrare, surmonté d’une statue de l’Immaculée Conception de Cabuchet qui n’est pas sensiblement supérieure à celle que fabriqua pour la grotte le Lyonnais Fabisch.

La bonne Bernadette s’y connaissait, sans doute, fort peu en art, mais elle ne put s’empêcher de sourire de pitié quand ce Fabisch lui présenta ses esquisses et ses maquettes. Il n’en continua pas moins de modeler et de durcir ses pains de margarine et ses bols de cérat et, quand la statue fut terminée, Bernadette, que l’on consulta pour savoir si elle ressemblait à la Vierge, répondit : « Pas du tout » ; puis quelque temps après, alors qu’elle la vit, en place, dans la grotte, elle dut s’éloigner aussitôt, ne pouvant, nous raconte un témoin oculaire, le docteur Dozous, supporter la vue d’une telle image !

Ajoutons, pour attester le manque absolu de talent de ce très pieux homme, qu’il avait vu Bernadette en extase, qu’il avait par conséquent aussi, vu