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LES FOULES DE LOURDES

grasse de la pierre, sans doute pour sanctifier les lèvres de son heureux mari ! D’autres s’arrêtent devant le filet tendu et y déposent des lettres munies, j’aime à le croire, d’un timbre-poste pour la réponse, afin d’obtenir que la Vierge en prenne connaissance.

Évidemment, à Lourdes, nous atteignons les derniers bas-fonds de la piété !

Ce genre de mômières est certainement recruté dans les couches les plus inintelligentes du peuple, mais je ne sais pas si je ne préfère point la vulgarité de ces édifiantes oies, à la prétention de pieusardes d’un rang supérieur, issues de la souche moyenne de la bourgeoisie riche, car certaines de celles-ci sont hantées par un besoin de cabotinage, par un désir de se faire remarquer et cette ostentation de ferveur finit par devenir insupportable.

Elles sont là qui se traînent sur les genoux en regardant de côté, qui récitent des chapelets, les bras en croix, et baisent la terre. Cela est tout naturel, cela est très bien, quand c’est pratiqué par une personne simple que l’on sent vraiment recueillie et vraiment pieuse ; mais lorsque celles qui opèrent ces exercices ont des figures réparées par des pâtes et les cheveux potassés ; quand elles sont parées de bijoux et vêtues d’éclatantes frusques, cela sonne faux. Une paysanne qui prie humblement de la sorte ne saurait être ridicule, mais il