Page:Huysmans - Les foules de Lourdes (1907).djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
LES FOULES DE LOURDES

machine de Lourdes. M. Christophe y tient le gouvernail et dirige le vaisseau à travers les récifs des foules. Il assure la mise en train des brancardiers, le service de l’hôpital et des abris, l’arrivée et le départ des malades par les trains ; ce n’est pas, on peut le penser, par ce temps de pèlerinages internationaux, une sinécure. Je me suis souvent demandé comment, dans le tumulte de son bureau, envahi par les directeurs de pèlerinages, des hospitaliers, des curés, il ne perd pas la tramontane et répond, souriant et avec patience, à tous ces gens ; quand j’arrive, il achève de distribuer ses ordres, passe sa bretelle de civière et nous voilà dehors.

Nous nous heurtons à la tête du cortège qui se forme et à une multitude serrée de curieux qui encombrent les allées du Gave. On nous livre passage et nous atteignons la grotte d’où doit partir la procession.

Le Saint-Sacrement, que l’on est allé chercher dans le Rosaire, est posé sur l’autel portatif et il rutile dans cette fournaise des cires. Les évêques sont déjà là, ceux d’Avignon, d’Angoulême, d’Ayre, le jeune homme aux longs cheveux de la Palestine et des dignitaires, des chanoines affublés de pèlerines et de jupes mi-partie violette, mi-partie pourpre, des capucins en bure brune, des prêtres, les uns en surplis, les autres en chasubles d’or, at-