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LES FOULES DE LOURDES

tendent derrière ces Grandeurs auxquelles vient se joindre l’évêque Bénédictin de Metz dont la robe d’un violet qui tourne au rose me rappelle le costume en taffetas tout à fait rose, celui là, dont était vêtu, comme une frêle Cydalise, un prélat Portugais, l’évêque de Macao, que je vis, l’an dernier, à Lourdes.

Des milliers d’ecclésiastiques, des milliers de fidèles, un cierge au poing, s’étendent de la grotte à l’esplanade, tout le long du Gave, sur deux rangs, précédés de la croix, des enfants de chœur, des suisses de la basilique, chamarrés d’argent sur fond bleu.

Au centre de la procession qu’ils semblent trancher en deux, devant des bannières qui flottent, deux autres suisses, deux longs escogriffes amenés par je ne sais plus quel diocèse — par celui de Nantes, je crois — sont habillés de vermillon et d’or et coiffés de bicornes gigantesques, surmontés d’un énorme panache de catafalque, blanc.

L’on attend le signal du départ ; des prêtres agenouillés prient devant le Saint-Sacrement ; j’allume le cierge qu’on m’apporte ; des estafettes laïques vont et viennent, de l’esplanade à la grotte ; des messieurs d’une importance incroyable jouent le rôle d’agents de police, bousculent les prêtres, tarabustent les pèlerins. Les étonnantes gens ! n’ai-je pas entendu l’un d’eux, un jour, alors qu’on