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LES FOULES DE LOURDES

célébrait la messe à la grotte, dire à la foule : Nous allons donner la sainte communion — ce Nous est un monde !

Tout à l’heure, devant l’ostensoir, l’un d’eux encore semblera désigner au Christ, avec son ombrelle blanche qu’il agitera dans sa main, ceux des malades qu’Il doit guérir, tandis qu’un autre fera le geste, bien inutile d’ailleurs, puisqu’il s’adresse à des catholiques, de s’agenouiller devant le Saint-Sacrement, lorsqu’il se tiendra devant eux.

Enfin, avec l’assentiment de ces sacristes, la procession s’ébranle ; je suis les évêques et, derrière moi, la troupe des brancardiers ferme la marche.

On chante un ambigu de latin et de français, un pot-pourri composé du Magnificat, alternant, verset par verset, avec cette strophe :


Vierge, notre espérance,
Étends vers nous ton bras,
Sauve, sauve la France,
Ne l’abandonne pas ! (Bis).


Nous avançons lentement, comme dans un couloir profond de foule et quand, après avoir longé la rivière, nous débouchons sur l’esplanade, c’est un mur de multitude, une mer de têtes qui moutonnent aussi loin que nous pouvons les voir ; la rampe, les escaliers, la terrasse au-dessus du Rosaire, les allées, le parvis de la basilique pullulent de monde. Le blanc des bonnets fourmille et des