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LES FOULES DE LOURDES

Jugement dernier à Bruges, d’un Primitif des Flandres, Jan Provost, où le Christ, entouré d’une cour d’anges, s’affirme, terrible, une épée à la main et montre de l’autre la plaie de son cœur à la Vierge qui le supplie à genoux d’épargner les pécheurs ; et Elle réplique, au geste de courroux, en découvrant la poitrine qui l’allaita, en opposant à son cœur percé par les hommes, son sein.

N’est-ce pas ce qu’Elle doit faire à ce moment-ci ?

Et pourtant aucun grabataire n’est allégé. Ici, une femme tend, éperdue, un enfant dont les yeux chavirent dans une face qui se décompose et retombe sur ses genoux, en sanglotant ; là, un pauvre homme, aveugle, se tient agenouillé, le chapeau à la main. Il semble demander à Dieu l’aumône et, comme aux autres, Dieu qui passe ne lui donne rien !

C’est vraiment affreux !

L’implorateur s’énerve, hurle :


Vous êtes le Christ, le fils du Dieu vivant !


Et il épuise ce qui lui reste de forces, en jetant le grand cri après lequel souvent les miracles éclatent.


Hosannah ! au Fils de David !


La foule, les bras en croix, lance furieusement