au ciel cette clameur de triomphe ; elle sent qu’elle joue son va-tout.
Et le Saint-Sacrement continue sa marche, indifférent, insensible.
Je suis découragé, je n’ai plus envie de prier ; cependant je sollicite la guérison du malheureux à la peau boursouflée, au cuir chagriné, couleur lie de vin ; il est là, si triste, grappillant ses patenôtres, dissimulant derrière la capote d’une voiturette sa lamentable figure.
La procession est revenue à son point de départ ; tous les malades ont été bénis ; nous faisons volte-face et, traversant alors la clairière, dans son milieu, nous nous dirigeons, en droite ligne, sur le Rosaire.
L’on recommence l’ « Adoremus in æternum », l’on reprend le « Monstra te esse Matrem » et l’évêque d’Avignon atteint le parvis de l’église ; il entre sous le dais d’or qui l’attend et présente l’ostensoir, dont le métal étincelle, aux assistants. L’on chante le « Tantum ergo » et, dans le grand silence de toute l’esplanade prosternée, il élève la monstrance et trace au dessus des milliers de têtes, une croix lumineuse d’or.
C’est fini ; l’on va quérir les voitures, les civières, ramasser ce bagage de débris humains et le reporter à l’hôpital.
Ah ! tout de même ! je ne puis m’empêcher de songer à ces malheureux arrivés de si loin, qui ont