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LES FOULES DE LOURDES

cée, que tous les autels de toutes les églises sont déjà retenus par la masse du clergé présent, l’on installe des autels en bois dans toutes les chapelles des monastères de la ville et l’on y distribue, en quelque sorte, des billets de logement de messe aux nouveaux venus. Les ecclésiastiques de tel pèlerinage sont envoyés chez les Clarisses, ceux de tel autre chez les Dominicaines et ainsi de suite. Le Carmel héberge alors, comme les autres communautés, des équipes de célébrants. Dans ce cas, la chapelle devient une galerie bordée de tables où des prêtres, les uns, le nez devant le mur de droite, les autres, le nez devant le mur de gauche, pratiquent, en se tournant le dos, le service accéléré des messes. Mais après ce coup de feu, tout rentre dans l’ordre ; d’ailleurs, pendant les après-midi, la chapelle, qui est, en somme, assez loin de la grotte, car faute de pont, il faut effectuer de longs détours pour franchir le Gave, est quasi vide.

C’est le seul endroit où, si l’on ne veut pas se recueillir dans sa chambre, l’on puisse se trier et se récupérer ; et cependant, ce que ce sanctuaire, d’habitude si placide, est inintime ! il apparaît tel que le hall d’un de ces casinos balnéaires, si fréquents dans la région ; c’est un assemblage de vitres criardes et de sculptures exécutées à la grosse, et il est paré d’un autel doré qui représente