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LES FOULES DE LOURDES

tout ce qu’il y a de plus fastueux, dans le genre, et de plus cher. La salle qui affecte des prétentions ogivales est, avec cela, d’un blanc de plâtre, d’une clarté crue, et les boiseries luisantes de ses bancs et de son parquet, implacablement cirés, ajoutent encore à cette impression acide de neuf que l’on ressent dès que l’on pousse une étonnante porte d’entrée, toute en verre ; celle-là évoque, avec le décor de ses peintures sur fond bleu, l’affligeant souvenir de ces verrières fabriquées pour certaines brasseries, au cadre Moyen Âge, du quartier latin ; elle y serait certainement beaucoup mieux à sa place qu’ici.

Cette chapelle est accolée à une énorme bâtisse qui fut construite sur les données du curé Peyramale, le premier bâtisseur de Lourdes.

Préoccupé par le désir de « faire grand », ce prêtre ne tint aucun compte de la règle de sainte Térèse, qui n’admet qu’un nombre très faible de religieuses dans chacun de ses monastères et il encouragea l’érection d’une colossale caserne dans laquelle des régiments manœuvreraient à l’aise. Les saintes filles qui l’habitent sont comme perdues dans l’immensité de ce monument dont le coûteux entretien les accable. Elles ne peuvent voir, heureusement, derrière la treille de fer noir qui les sépare du chœur, cette orgueilleuse chapelle si messéante à leur ordre voué, par ses ordon-