Page:Huysmans - Les foules de Lourdes (1907).djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
181
LES FOULES DE LOURDES

par les lucarnes de l’église, je me mêle à la foule. Il y a beaucoup de pèlerins fervents mais aussi beaucoup de curieux arrivés des villes d’eaux des environs et qui se promènent autour du cercle des malades comme autour d’un orchestre militaire, aux Tuileries. Ce ne sont pas ceux-là qui nous apporteront un appoint de prières et un renfort de grâce !

Il est vrai que le spectacle auquel ils vont assister n’est pas de nature à leur inspirer le respect d’une religion qu’ils ignorent.

Presque en tête du cortège, après la croix, les céroféraires et les suisses bleus — les suisses vermillon aux plumets de corbillard sont, avec le pèlerinage qui les amena, partis, — une fanfare, débarquée d’hier, s’avance, composée d’ecclésiastiques et de laïques parmi lesquels domine un énorme soutanier qui vente, à décorner les buffles, dans un ophicléide.

Ils jouent des mélodies de barrières, des flons-flons !

Et une fois qu’ils sont entrés dans le camp des infirmes, une indécente dispute éclate avec ces brutes qui regimbent d’ailleurs, alors qu’on les supplie de se taire, pour permettre au prêtre implorateur de lancer les invocations !

Le Saint-Sacrement parcourt, selon l’habitude, le rang des voiturettes. C’est devant moi un remous de têtes ; des gens se haussent sur la pointe des