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LES FOULES DE LOURDES

meuglements de vache éperdue, de pieux et de profonds rots.

Il n’y a qu’une ressource, rentrer chez soi et fermer ses fenêtres, pour échapper, s’il se peut, à l’infatigable chahut de ces gens.

Vers huit heures du soir, le calme se rétablit. Ces orphéonistes bâfrent et boivent, sans doute, encore. Je vais rejoindre mes braves tourières au Carmel et je m’assieds, auprès de quelques prêtres, sur les marches de la chapelle. De là, je domine, au-dessus du Gave, la basilique, la rampe, l’esplanade, le Rosaire, vus de profil ; c’est l’endroit le mieux situé pour assister au gala de la féerie du feu.

En attendant que le défilé commence, nous causons, et l’on ne s’entretient, bien entendu, que d’arrivées et de départs de pèlerins et de miracles. L’on m’interroge pour savoir si je suis allé à la clinique aujourd’hui et si j’y ai constaté des prodiges. Je raconte l’histoire de la petite à la bague guérie, sans y penser, quand elle n’y comptait plus et à propos de cette cure inattendue, un ecclésiastique dont je n’aperçois pas le visage dans l’ombre et qui doit être, d’après certains détails qu’il donnait tout à l’heure à l’un de ses voisins, un prêtre de la Sainte Face, à Tours, s’exclame :

— Le miracle ! M. Dupont répondait à un curieux qui lui exprimait son ébahissement des guérisons qu’il obtenait par l’huile de la lampe allumée devant