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LES FOULES DE LOURDES

la Sainte Face : Mais, Monsieur, le miracle n’est pas plus difficile à obtenir pour un chrétien qu’un plat de petits pois chez la marchande du coin ; il suffit de demander…

Seulement, lui, demandait d’une façon spéciale. Il ne disait pas à Dieu, je voudrais, il disait : je veux. Il reprit, une fois, une jeune fille qui souffrait d’un pied et s’adressait au Seigneur en ces termes : mon Dieu, si c’est votre bon plaisir et votre volonté, je vous prie de m’accorder ma guérison.

Ce n’est pas de la sorte qu’il faut prier, s’écria-t-il ! ; vous n’avez pas la foi, il faut commander au Bon Dieu ! — C’est peut-être ainsi qu’il conviendrait de s’y prendre, ici, quand le Christ résiste…

— Peut-être, répliqua un autre prêtre, car lorsque le Père Marie Antoine venait à Lourdes, il usait parfois de ce mode d’impétration et avec succès…

— Oui, mais ce vieux capucin était un saint homme dont l’éloquence, toute en cris, déchaînait les foules et il disposait ainsi, en sachant la manier, d’une force de prières étonnante…

Et, tandis qu’ils bavardent évoquant entre eux des souvenirs du Père Marie Antoine, au loin, devant nous, la procession se forme.

À cette heure, dans la nuit, la grotte, creusée sous la basilique, flamboie comme une fournaise ; c’est de là que part l’incendie propagé par les cierges