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LES FOULES DE LOURDES

isolées, et s’éloignent les unes des autres, sur les routes. Quelques fumerons achèvent de rougeoyer le long du Gave ; quelques feux-follets volètent encore près du Rosaire, mais ils ne tardent pas à disparaître, eux aussi, dans le noir.

Cette fois, c’est bien fini ; je ne sais… mais j’ai l’idée que cette splendide féerie est indépendante de nous, que nous n’y sommes pour rien, que cette vision n’est qu’une allégorie, qu’une figure… il me paraît que la réalité, cachée sous des apparences humaines, est autre…

Il me semble qu’après avoir humblement travaillé, pendant le jour, dans des cabines de bain, pour guérir des corps et sauver des vivants, la Vierge travaille, maintenant, dans la nuit, pour guérir des âmes et pour sauver des morts.

C’est Elle qui a tourné ce rouet de feu et filé le lin en flammes des prières, afin de tisser les robes glorieuses de ces âmes qui n’attendent plus que leur vêtement de Paradis pour sortir du Purgatoire !

Si j’allais me coucher ; le vent des montagnes qui souffle, dès que tombe le crépuscule, alors que l’après-midi fut torride, me glace ; ces sautes de température, qui se renouvellent presque chaque jour, sont pénibles ; je suis d’ailleurs éreinté par mes courses, toujours en montées et en descentes, à travers les rues. Je pars, mais combien vont res-