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LES FOULES DE LOURDES

commotion, c’est possible ; je vois un certain nombre de femmes à Lourdes auxquelles ces théories peuvent, en effet, s’appliquer ; seulement, nul ne les considère, comme des miraculées, nul ne s’en préoccupe, ici ; mais il ne s’agit pas, en l’espèce, d’une grande personne qui peut s’autosuggestionner, en se persuadant, d’avance, qu’elle sera guérie ; il s’agit d’un marmot de sept ou huit ans, et il faut avoir vu baigner des enfants dans la piscine, pour se rendre compte de leur état d’esprit, à ce moment. Ils ne songent pas plus à prier la Vierge qu’à guérir. Ils se débattent, en pleurant et en criant, entre les mains des infirmiers qui les tiennent ; et, une fois dans l’eau, ils hurlent jusqu’à ce qu’on les en retire !

Quelle suggestion voulez-vous qu’il y ait, dans ces conditions, chez un enfant dont la piété est d’ailleurs souvent nulle ?

Mais si, au point de vue humain, le cas du petit garçon de Belley me demeure inintelligible, je dois avouer qu’au point de vue divin, il me paraît plus incompréhensible encore.

Un homme, une femme, parvenus à l’état cachectique de la dernière période de la phtisie galopante et amenés, mourants, à Lourdes, sont guéris, soit dans la piscine, soit pendant la procession du Saint Sacrement, soit sans rien de tout cela, dans la solitude, en un coin ; c’est une guérison,