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LES FOULES DE LOURDES

sans marche lente et progressive, une guérison immédiate. Ils sont auscultés par plusieurs médecins qui ne trouvent plus trace des lésions ; ils se promènent, mangent, boivent, dorment, ainsi que vous et moi ; ils sont en quelque sorte ressuscités ; ils repartent et, quelquefois, six mois après, chez eux tout revient.

C’est évidemment étrange ; — car enfin la suggestion n’a jamais, que je sache, fait repousser, ne fût-ce que pour six mois, des poumons que l’on a, comme on dit dans le peuple, crachés — mais l’on peut cependant admettre que ces gens, une fois réinstallés dans leurs foyers, se sont remis à vivre, au mépris de toute hygiène, dans les milieux contaminés où ils avaient contracté la tuberculose qui disparut à Lourdes. Le miracle n’est pas, en effet, un vaccin qui dispense ceux qui l’ont obtenu de nouvelles maladies, un sérum qui les préserve de celle même dont ils furent, une première fois, guéris ; d’autre part, en se plaçant au point de vue divin, il est permis de penser que ces malades, rendus à la santé, ont abusé de la grâce et que leur rechute est une punition, mais pour l’enfant de Belley ces hypothèses sont vaines. Il n’a pas changé de place et il n’a pu mésuser, à son âge, des bienfaits reçus ; le retour offensif du mal ne peut donc être le signe d’un avis ou d’un châtiment ; alors, comment expliquer l’ironie de ce faux miracle, le mensonge de