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LES FOULES DE LOURDES

Anges, Dieu soit loué ! mais songez que je ne vis plus maintenant que pour encourir la responsabilité de cette charge d’Abbesse que je ne cherchais pas… et j’étais prête alors — autant qu’on peut l’être — à paraître devant le Seigneur !… — Et, après un soupir, elle changea la conversation et m’entretint de ce bon Mgr Fonteneau qui ne serait jamais revenu à Lourdes, quand il vivait, sans la visiter…

— Et vous n’êtes jamais retournée à la Grotte, même pour y faire une action de grâce ?

— Non, puisque je ne puis sortir de la clôture… on m’a rapporté que la grotte était bien changée, qu’on y avait mis, à cause de la foule, des grilles… moi, je me la rappelle toujours, très simple, sans rien… telle qu’elle était alors.

Je rumine cette histoire, après avoir pris congé de l’Abbesse. Je pense encore à cette théorie de la suggestion, chargée d’expliquer toutes les cures de Lourdes ; mais voilà une moniale qui n’enviait pas du tout un réveil de santé, et qui a été, en quelque sorte, guérie malgré elle ! si elle s’était autosuggestionnée, ce serait le contraire qui se serait produit ; elle serait, comme elle le désirait, morte !

Elle est vraiment intense, elle est vraiment râpée, à la fin, cette théorie ! l’on n’a jamais vu la thérapeutique suggestive guérir, ainsi que cela se passe à Lourdes, des maladies de poitrine et des