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LES FOULES DE LOURDES

Ce Monsieur me désigna à l’évêque qui me questionna ; je lui expliquai du mieux que je pus pourquoi j’étais là ; et je pouvais à peine parler, tant j’étais faible ! puis, croyant que ce prélat était mon nouveau supérieur, l’évêque de Tarbes, je lui dis ; Monseigneur, vous êtes maintenant mon maître et c’est à vous que je dois l’obéissance ; voulez-vous me commander de guérir ?

Il fut surpris et me répondit : « Mon enfant, je le veux bien, si la Vierge le veut. »

J’eus à peine le temps de formuler ma prière ; je fus enveloppée dans un grand frisson et jetée debout. Mgr Fonteneau, — car, je l’ai su après, — ce n’était pas l’évêque de Tarbes, mais l’évêque d’Agen qui m’avait interrogée, fut bien content et il me bénit. Les pèlerins étaient accourus, de tous les côtés, et voulaient m’emmener au bureau des constatations médicales, mais le Père Sempé, qui était alors le supérieur des missionnaires de la Grotte et qui avait été aussitôt prévenu du miracle, s’y opposa. — Elle est hors de sa clôture, dit-il, qu’elle y rentre et, au plus vite !

Et voilà tout ce que je puis vous raconter ; vingt-cinq années se sont écoulées depuis et je n’ai jamais plus été malade…

— Alors, ma révérende Mère, vous ne teniez pas du tout à guérir ?

— Ah ! non, s’écria vivement la Mère Marie des