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LES FOULES DE LOURDES

saire et qui prétendent reproduire les traits du Pape Léon XIII et de Mgr Schœpfer, l’évêque actuel de Tarbes.

Ici, la mosaïque se contente d’entrelacer des arabesques, des rinceaux, des fleurs et des croix, exécutés en pierres de couleur sur un fond craquelé d’or ; et, dans le demi-jour versé par les meurtrières et dans les lueurs orangées des amandes électriques, ces embrasures scintillent avec les tons fauves et saurés des vieux ors des cuirs de Cordoue ; et ces lueurs, à la fois souples et sourdes, sont la plus fastueuse et la plus discrète parure de ce caveau trop blanc. Mieux que partout ailleurs, l’on peut encore observer, dans cette crypte, le matin, pendant les messes, le contraste qui s’atteste entre les feux des pochettes électriques et le feu des cires, allumées sur l’autel. Celui des cierges palpite et vit, tandis que l’autre brûle, immobile, et rougeoie, mort. Rien n’est moins symbolique que cette forme d’éclairage adoptée non seulement à Lourdes, mais à Paris, dans la plupart des sanctuaires, voire même dans certaines chapelles d’abbayes. C’est commettre un véritable contre-sens que de se servir de lueurs inanimées, là où se tient le Christ, dont la lumière est la vivante image ; c’est supprimer aussi, dans l’Église, l’indispensable signe de la Charité dont la flamme est l’emblème ; et nous voici également bien loin de la divine liturgie bénissant par