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LES FOULES DE LOURDES

de vénérables et de magnifiques formules l’huile et la cire, avec ces paquets de fils incandescents dont le moindre inconvénient est de fabriquer une lumière de mensonge, car elle n’éclaire pas et il est impossible de lire son office, sous ces lueurs blafardes qui se diffusent et diluent leur or, en tombant des voûtes.

Que sont devenus les types bizarres qui, dans les périodes calmes de Lourdes, fréquentaient cette crypte ? Marie, la cul-de-jatte, qui bondissait, sur les rampes du Rosaire, dans son plat de bois que renouvelaient les Pères de la Grotte, lorsqu’il était usé ? qu’est devenue la grabataire, assise dans une voiturette que l’on amenait et remisait, à l’entrée de la crypte, au bout de l’allée conduisant au maître-autel ; elle assistait ainsi à la messe de dix heures et le prêtre traversait toute l’église pour lui apporter la communion ; puis on venait la rechercher, dans son logis ambulant, à midi.

Jamais on ne pouvait apercevoir son visage ; il était enveloppé de voiles noirs si épais que je me demandais, — avant de savoir qu’elle était atteinte, depuis vingt-cinq ans, d’une maladie de la moelle épinière, — si elle ne cachait pas une tête décomposée sous ce masque qu’elle relevait, juste sous le nez, pour recevoir l’hostie — et elle le rabaissait aussitôt après.

Et ces deux monstrueuses créatures, deux sœurs