Page:Huysmans - Les foules de Lourdes (1907).djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
231
LES FOULES DE LOURDES

de la Grotte séparé de sa cure, tué, de gaieté de cœur, sa vieille église.

Mgr Peyramale était un très brave homme et un très bon prêtre mais il était un rustre, d’un caractère entier et bourru et de plus, une sorte de mégalomane et de brouillon. Or, il fallait un homme entendu aux affaires, un esprit net et aussi une complexion plus souple que la sienne, pour mettre sur pieds la gigantesque entreprise de Lourdes. Avec lui, rien n’eût marché. Son évêque Mgr Laurence le comprit et il eut recours au Père Sempé qui remplissait les conditions d’habileté et de prudence qu’il estimait indispensables pour assurer le succès de l’œuvre. Il confina donc Peyramale dans sa cure et mit le Père Sempé à la tête des missionnaires de Garaison qu’il appela à Lourdes, afin d’organiser le service des messes, des confessions, des prêches, afin de diriger les processions et d’hospitaliser les pèlerins dont le nombre allait croissant dans une ville qui n’était alors qu’un petit village, qu’un affreux trou.

Avec la meilleure volonté du monde, Peyramale n’eût pu d’ailleurs, même avec l’aide de trois vicaires, assumer une semblable tâche et il est fort probable que si ces missionnaires, au lieu d’être commandés par le Père Sempé, avaient été placés sous sa coupe, à lui, il n’aurait pas songé à se plaindre, car il ne pouvait nier que la nécessité ne