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LES FOULES DE LOURDES

remplacer celle que les habitants de Tauste se refusaient à rendre ; et, la veille de l’Assomption de l’an 1622, une fontaine, depuis des années tarie, se reprit à couler en abondance, dans une petite grotte creusée près de l’église et de nombreux miracles furent effectués avec cette eau, comme si la Madone voulait préluder aux guérisons qu’Elle devait pratiquer, par ce moyen, deux siècles plus tard, à Lourdes.

L’église actuelle qui rappelle à la fois le style Renaissance et le style Jésuite, tel qu’il existe à Anvers, vaut qu’on la visite. L’intérieur est bizarre, avec ses cintres supportés par des piliers très bas, d’une taille d’homme, ses grandes figures d’anges en bois doré, coupés à mi-corps, tels que les bustes mythologiques des Termes et enguirlandés, à partir de la ceinture, de feuillages de rosiers et de chênes. L’autel est une énorme pièce montée, dorée sur toutes les coutures, soutenue par de superbes colonnes torses enroulées de pampres, décorée de colombes, d’anges, d’amours nus et gras, à la Rubens, entourant une effigie placide et atone de Vierge. La nef, surmontée d’un plafond arqué de bois peint en bleu de ciel, semé d’étoiles, est parée de tableaux naïfs relatant les miracles de naguères et, dans une chapelle, à droite, un bas-relief raconte l’épisode de l’Appa-