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LES FOULES DE LOURDES

aurait-elle pu imaginer ce type de Vierge qu’elle n’avait vu sur aucune gravure, sur aucune image, puisqu’il était inconnu avant elle et n’est devenu que, grâce à elle, une icône spéciale, une figure nouvelle dans la piété ; comment enfin aurait-elle mis dans la bouche de Marie ce mot de l’Immaculée Conception qu’elle n’avait jamais ouï et dont elle ne comprenait pas le sens ?

Comment aussi expliquer — si elle était une hallucinée — qu’elle se soit rendue, plusieurs fois, à la Grotte, persuadée que la Vierge y viendrait, alors qu’Elle n’y venait pas ? Les Apparitions ne dépendaient donc, ni de la puissance de sa volonté, ni de la force de sa conviction.

Elle était d’un tempérament lymphatique et nerveux, chétive et petite ; à treize ans, elle en paraissait onze ; sa physionomie était avenante et sa structure frêle ; elle souffrait d’un asthme ; tel est le signalement rigoureusement exact ; il y a beaucoup d’enfants constitués de la sorte et qui ne sont pas plus qu’elle des hystériques ou des détraquées.

Le portrait tracé par les adversaires du Surnaturel, comme l’était Zola, ne sont donc pas ressemblants, mais ceux que peignirent les écrivains catholiques, ainsi que Lasserre, qui font d’elle un être angélique, une petite sainte de plâtre, bonne à mettre dans une niche, le sont-ils plus ?