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LES FOULES DE LOURDES

née dans la boue. — Je ne le crois pas, car il la représente à la fois ainsi qu’une âme mystique et qu’une irrégulière de l’hystérie.

Or, jamais personne ne fut moins mystique que Bernadette et elle ne fut pas davantage une irrégulière de l’hystérie.

Elle fut scrutée, à ce point de vue, par combien de médecins ! et nul ne put découvrir en elle le moindre stigmate de ce genre de maladie, de son enfance jusqu’à sa mort. Force fut donc, pour expliquer les Apparitions, de l’affirmer, sinon folle — ce qui était impossible puisque l’on pouvait s’assurer qu’elle ne l’était pas — mais au moins atteinte de trouble mental, hallucinée.

Mais alors, quelle singulière hallucinée que cette petite fille qui ne l’est que juste le temps de révéler et d’assurer l’œuvre de la Vierge et qui ne l’est plus ensuite, après ne l’avoir jamais été avant ! — d’autre part, si j’admets une théorie qui a cours chez beaucoup d’aliénistes, l’hallucination n’est jamais qu’une réminiscence plus ou moins déformée d’une sensation reçue ; elle n’invente pas par conséquent, mais se souvient.

Comment alors Bernadette aurait-elle pu se rappeler des paroles qu’elle n’avait jamais entendues ; comment aurait-elle pu découvrir une source qu’elle ignorait, dont personne, pas plus qu’elle, ne soupçonnait la présence dans la Grotte ; comment même