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LES FOULES DE LOURDES

ser une, » et, à l’une des supérieures de son couvent qui, impatientée par ses exercices qu’elle jugeait trop enfantins, s’écriait : À votre âge vous devriez descendre quelquefois à la chapelle et méditer un peu ! elle répliquait doucement : « Je ne sais pas méditer, moi. »

Nous voici également loin de la mystique que l’on nous représente ; elle était, on le voit, d’une ferveur peu étendue, peu déréglée, incapable par conséquent de lui avoir tourné la tête et d’avoir déterminé ces hallucinations dont Zola nous parle.

D’autre part, l’esprit peu intelligent et l’entendement terne et borné de cette petite, corrobore, une fois de plus, cette vérité, certifiée par l’expérience, que Dieu ne choisit que les plus pauvres et les plus humbles, lorsqu’il a besoin d’un truchement pour s’adresser aux masses.

Il eût été, en effet, difficile de découvrir à Lourdes une famille plus indigente et, faut-il le dire, moins bien famée que celle de Bernadette, décriée, elle-même, à cause des siens.

Le Père Cros, de la Compagnie de Jésus, qui a pu consulter toutes les archives et prendre connaissance des dépositions écrites de plus de deux cents témoins, nous raconte que la misère des Soubirous était si complète que souvent le pain manquait et que l’un des petits frères de Bernadette détachait avec ses ongles, pour la manger, la cire tom-