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LES FOULES DE LOURDES

reil, verser le sang de son Dieu, afin de permettre à Celui-ci de le racheter.

Et ce sang que nous vous avons aidé à nous donner, pour le salut de notre âme, nous, l’avons, nous les premiers, donné pour le salut de votre corps, car enfin les Innocents ont été égorgés à votre place par Hérode !

Il y a eu substitution d’enfants ; tous les nouveaux nés de Bethléem ont payé pour le Nouveau-Né, réfugié en Égypte ; des milliers d’innocents, quatorze mille d’après le Canon de la messe des Abyssins et le Calendrier des Grecs, ont été sacrifiés pour un seul.

C’est une dette cela — une dette contractée par l’Enfant Jésus et que nous pouvons réclamer à l’Homme-Dieu, ici, où, plus que partout ailleurs, le sang déborde des lésions internes et des plaies ! — Mais peut-être siérait-il que ce fussent des enfants qui prient, à la grotte, pour les malades, qui clament les invocations dans les piscines, qui se constituent les créanciers du sang, à Lourdes !

Et je rêve à ces processions désespérées où Dieu résiste et reste sourd, où l’assaut de nos suppliques échoue. Il faudrait lancer, comme à la fin d’une bataille perdue la vieille garde et notre vieille garde à nous, elle serait composée de l’irrésistible phalange de prières des enfants !

En tout cas, mon Seigneur, à l’heure présente