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LES FOULES DE LOURDES

où la messe est terminée, où ces malheureux qui ont fini leur action de grâces vont être reconduits à l’hôpilal, souvenez-vous que lorsque des scélérats vous bafouaient sur la montée du Calvaire, un homme s’est trouvé qui eut pitié de vous, qui vous aida à porter votre croix. Soyez, à votre tour, le Cyrénéen des grabataires, aidez ces excédés de la vie à porter la leur !

Je ne sais si Dieu a au moins amélioré, ce matin, l’état de ces malades, mais il ne les a pas, sûrement, guéris, après leur communion, car je les revois encore dans leurs voiturettes, lorsque je retourne, cette après-midi, à la grotte.

Ils sont encore là, mais d’autres petites voitures que je n’ai pas remarquées à la messe sont installées, elles aussi, devant la Vierge.

Deux contiennent des bambins, deux garçons, paralysés de la ceinture aux pieds, veillés par leur mère une dame de l’Équateur ; et, de temps en temps, elle se lève du pliant sur lequel elle est assise, empoigne les deux petits et les jette sur son dos ; l’on dirait de deux pauvres singes qui grimacent et dont la tête vivante ballotte, d’un côté sur l’épaule et les jambes mortes, de l’autre côté, sur le giron de la mère. Elle les emmène ainsi à la grotte, leur fait baiser sur le roc la place grasse des bouches, puis elle les redépose dans leurs voitures où ils rient et jouent.