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LES FOULES DE LOURDES

cris de Babel meurent sans écho sur l’esplanade et dans les monts.

Je vois de loin les deux singes de l’Équateur qui rient et la mère qui dit ses patenôtres, le batracien hollandais qui gît, inanimé, sur sa civière ; aucun n’est même amélioré ; c’est le four terrestre et le fiasco divin !

Pour comble de malechance, le comique s’en mêle. Au moment où le Saint-Sacrement arrive de mon côté, l’un des laïques qui le précède, une ombrelle blanche à la main, adresse des gestes impérieux à un gamin en train de se démener, debout. Celui-ci continuant à gigoter, il se fâche et l’on a toutes les peines du monde à lui faire comprendre que cet enfant est atteint de la danse de saint Guy et qu’il ne peut demeurer à genoux ; — et voilà que je constate maintenant que l’évêque d’Orient, à tête de Christ, convaincu sans doute que la bénédiction du Seigneur est insuffisante pour sauver les malades, y ajoute après la sienne !

La tournée se termine et tous se dispersent.

Restent, seuls, les hollandais qui doivent quitter Lourdes, ce soir ; ils montent sur les marches du Rosaire et forment des groupes avec les malades en avant, et le petit gnome, couché sur sa civière, au milieu. — Hélas ! celui-là ne s’en va pas guéri ! — Le photographe rectifie les positions. Les jeunes hollandaises rient comme des folles ; les camériers