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LES FOULES DE LOURDES

la Palestine et par la troupe coutumière des prêtres en surplis et des brancardiers.

Et voici du nouveau ; aujourd’hui, les exorations se crient dans toutes les langues, en français d’abord, en anglais ensuite, puis en hollandais et en flamand.

Des prêtres de nationalités différentes, tous en soutane, sauf l’anglais en redingote, se succèdent, pour les vociférer au milieu du cirque.

L’effet est lamentable ; l’on entend à peine quelques voix qui les répètent ; les assistants se taisent, ne comprenant pas un mot à ce qui se profère. Ne serait-il pas plus simple dès lors de clamer les invocations dans la langue de l’Église, de parler latin ?

Et puis qu’est-ce que cela signifie ? les touristes d’Outre-Manche sont à peine quelques-uns ; ils ont amené deux ou trois égrotants dans leurs bagages et il faut que l’on s’adresse à Dieu en anglais. — C’est vraiment sans proportion !

Cependant, le Saint-Sacrement commence à bénir les malades, mais, je ne sais, il me semble que j’assiste à la mesquine répétition d’un grand drame ; cette réduction quasi taciturne d’immenses processions où rugissaient les foules, suscite la pitié ; personne ne prie avec entrain et les grabataires déconcertés ne paraissent plus compter sur leur guérison. Aucun qui se torde devant l’ostensoir et qui le supplie. Tous baissent la tête, alors que les