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LES FOULES DE LOURDES

procurèrent tant de bien-être à ce bourg que les habitants se perdirent — comme se perdront ceux de Lourdes. — L’argent développa la cupidité et attisa le dévergondage des mœurs et la Vierge se retira.

Garaison n’était plus qu’un endroit, tel qu’un autre, lorsque la Révolution transforma l’église en une fabrique de poudre ; la statue de la Vierge, qui avait échappé aux fureurs des Jacobins, fut transférée dans l’église de la paroisse et, en 1834, l’Evêque de Tarbes restaura le sanctuaire et fonda, pour le desservir, une compagnie de missionnaires des rangs desquels sont sortis les Pères de Lourdes.

L’église est encore fréquentée par les gens du pays et par quelques touristes.

Quant à Anglèse, elle entra, en 1536, au monastère cistercien de Fabas, situé dans le diocèse de Comminges, à six lieues de Garaison. La tradition rapporte qu’elle se présenta, ainsi que devant la Vierge, trois fois, à la porte de cette abbaye dont les moniales appartenaient à la noblesse des alentours. Les deux premières fois, elle fut éconduite, à cause de sa roture, mais la troisième fois, les portes s’ouvrirent, toutes seules, et les cloches sonnèrent d’elles-mêmes, à toute volée. Elle fut aussitôt admise et elle y mourut, âgée de plus de cent ans, en odeur de sainteté, simple religieuse,