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LES FOULES DE LOURDES

d’un squelette, marcha ; la gangrène avait disparu, les pieds étaient maintenant sains ; plus de paralysie et l’estomac qui ne supportait même plus, ces derniers jours, le passage de la sonde, digéra facilement tous les mets ; l’on peut dire qu’en un bond Gargam ressuscita.

— Oui, et ce qui me frappe, c’est qu’il n’avait pas la foi, ou du moins s’il l’avait, c’était à l’état oublié, éteint depuis son enfance. De tous les entretiens que j’eus avec lui, il me semble résulter qu’il fut l’objet d’un double miracle ; il crut en même temps qu’il fut guéri ; les deux eurent lieu, spontanément, à la même minute. Alors que devient la foi qui autosuggestionne d’avance le malade, la foi qui guérit de Charcot ?

— Je l’ignore ; mais contrairement au diagnostic du médecin en chef de l’hôpital d’Angoulême qui vit dans la paralysie de Gargam une maladie de la moelle, à marche progressive, les incrédules, aussitôt après le miracle, déclarèrent que cette paralysie ne pouvait être qu’une paralysie d’origine nerveuse.

— Et la gangrène, elle était, elle aussi, d’origine nerveuse ?

— Je ne pense pas, répondit, en riant, l’abbé ; mais, en admettant même qu’ils aient raison sur la nature de la maladie, il leur resterait à expliquer la guérison instantanée de la gangrène, les forces