Page:Huysmans - Les foules de Lourdes (1907).djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XIV


Je commence à être un peu las. Lourdes, vide hier, s’est de nouveau rempli ; le boucan des Ave Maria recommence ; voici trois semaines que je vais, chaque jour, à l’hôpital et à la clinique, que je fais le vague métier d’un carabin. Maintenant, les cas exorbitants, les figures de cauchemars comme celle du paysan de Coutances, les têtes de larves comme celle de cette femme dont l’œil était brandi, tel que celui d’une limace, au bout d’un tentacule, manquent. Sauf un vieillard dont le teint gris-perle me rappelle celui de certains ouvriers, employés dans les manufactures de tabac, tous les nouveaux arrivés de l’hôpital sont des malades sans luxe d’horreur particulière, sans étampe spéciale. J’en ai vu tant de ce genre que je ne flâne plus auprès des lits. À vivre