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LES FOULES DE LOURDES

goût des aquariums était à la mode dans les familles riches du peuple belge ; une marquise de Courtebourne, qui possédait le château de Slootendriesch, se met dans la tête d’en construire un et comme un aquarium ne va pas sans une fausse grotte, elle décide également d’en bâtir une. L’emplacement une fois choisi dans son parc, on commence les travaux ; sur ces entrefaites, le curé d’Oostackker, l’abbé Moreels, montre une image de la grotte de Lourdes à la marquise et la détermine à réserver, dans l’amas cimenté de ses rocailles, une niche pour y placer une statue de l’Immaculée Conception, imitée de celle des Pyrénées. Le tout fut terminé en 1871 ; et trois ans après, les quelques paysans du hameau qui venaient prier devant l’aquarium et la Vierge avait engendré, on ne sait pas très bien comment, des milliers de visiteurs. Il en vint jusqu’à dix mille en un jour et les miracles éclatèrent.

Le premier qui fut enregistré date du 12 février 1874 ; il échut à Mathilde Verkimpe, une enfant de dix ans, habitant à Loochristi. Elle était boiteuse, incapable de marcher sans béquilles ; tous les médecins des hôpitaux de Gand s’étaient déclarés impuissants à la guérir. Sa mère va demander sa cure à la grotte, rapporte de l’eau de Lourdes qu’on y distribue et, pendant une neuvaine, elle frictionne avec cette eau la jambe de sa fille ; et, à la fin de