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LES FOULES DE LOURDES

rés dans des lainages d’Ecosse et des bâtons ferrés à la main, ne m’incitent guères. J’ai encore assez d’imagination pour pouvoir, tout en demeurant dans un fauteuil, me représenter des horizons dont l’immensité dépasse de beaucoup celle qui se déroule du sommet des monts ; le beau est moins ce que l’on voit que ce que l’on rêve et j’avais rêvé, je l’avoue, un tout autre Lourdes ; mais, en fin de compte, puisque j’y suis, je dois convenir que la nature m’émeut plus en largeur qu’en hauteur, et que la traversée si mélancolique des Landes, avec ses couchers de soleil qui s’éperdent dans l’étendue des pinS, m’impressionne bien autrement que ces sites de faîtes et de glaciers si courts.

En tout cas, je suis fatigué des pèlerins et las des paysages ; je reste donc aujourd’hui dans ma chambre et je bouquine des volumes sur les contrefaçons de Lourdes, organisées par la Belgique et la Turquie.

Et je me dis vraiment que la Vierge de Lourdes déconcerte, car les contrefaçons valent l’original, sont parfois même plus fertiles en miracles, plus actives.

L’histoire, en Belgique, du sanctuaire d’Oostakker, situé dans un bourg, au milieu du parc de Slootendriesch, a cinq kilomètres de Gand, est pour le moins singulière. Elle débute par un projet mondain dont la Vierge n’a que faire. En 1870, le