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LES FOULES DE LOURDES

fugier, à l’abri de nouvelles objections et de nouveaux ennuis…

Cette pusillanimité de l’âme explique pourquoi la clinique du Dr Boissarie, si largement ouverte à tout le monde, est si peu fréquentée par les incrédules ; elle a contre elle, ce qu’on pourrait appeler la haine de la peur, de la peur de la Foi !

Pour en revenir à Lourdes même, c’est, je le répète, un endroit à la fois, répulsif et divin, mais il sied de l’expérimenter en personne.

Pour les malades, du moment que la science se déclare impuissante à les alléger, ils font bien de s’y rendre, car, au cas même où la Vierge n’accueillerait pas leurs prières, Elle leur paiera l’effort et la fatigue du voyage par le bienfait de la résignation et par la grâce du réconfort ; et n’est-ce pas déjà beaucoup ? — Pour les pèlerins valides, s’ils sont des intimistes ou des artistes, ils doivent s’apprêter à souffrir car ils ne pourront voir sans une sainte colère les hideurs diaboliques que la dégénérescence des hommes d’église nous inflige ; mais la Madone leur donnera, en échange, l’admirable vision de la Beauté morale, de la Beauté de l’âme illuminée par les transports de la Foi et de la Charité !

Et puis sait-on ce qu’Elle réserve à ses visiteurs ?

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Et au moment de la quitter, devant ce portrait